Les œuvres de Pekka Halonen invitent à s’immerger dans la neige. D’autant qu’en finnois, les différents états de la neige et de la glace, de la fleur de givre à la couche de glace qui s’affine sur les rives, lorsque les lacs sont gelés, sont désignés par un vocabulaire bien plus riche et poétique que dans notre langue. La nature fut la principale et constante source d’inspiration de Halonen, dont les œuvres étaient, au fond, des manifestes pour l’indépendance de son pays, proclamée en 1917. Il s’imprégna aussi de l’art de son temps, séjournant à plusieurs reprises à Paris, où il devint l’élève de Gauguin, et visitant l’Italie. Portraits, natures mortes, paysages et scènes de genre composent son œuvre, remarquablement mis en scène au Petit Palais.
La Finlande à Paris : le pavillon de l’Exposition universelle
Habilement évoqué dans l’exposition, le pavillon de la Finlande à l’Exposition universelle de 1900, à Paris, occupe une place importante dans l’histoire du pays. Alors qu’il n’était qu’un grand-duché appartenant à l’Empire russe et qu’il revendiquait son indépendance, ses meilleurs artistes furent sollicités pour y montrer leurs créations. Pekka Halonen, comme son ami Akseli Gallen-Kallela, fit partie du voyage, présentant deux toiles conçues comme un diptyque : La Lessive sur la glace (ci-dessus) et Le Chasseur de lynx. Chacune incarne un aspect de la vie en Finlande : la vie domestique et rurale pour l’une, la vie sauvage pour l’autre. Pour Halonen et ses compatriotes, peindre était un moyen, face à la domination russe, d’affirmer l’identité finlandaise.

« J’ai souvent pensé que j’avais le Louvre ou les plus grands trésors du monde à ma porte. Il me suffit de me rendre dans la forêt pour voir les plus merveilleuses des peintures – et je n’ai besoin de rien d’autre. »
Pekka Halonen
Halosenniemi, un refuge en pleine nature
Désireux de vivre à l’écart des villes et d’avoir la nature à portée de main, Halonen dessina au tout début du XXe siècle une grande demeure qu’il bâtit sur les rives du lac Tuusula, à une trentaine de kilomètres au nord de Helsinki. Il consacra plusieurs tableaux à sa famille, au jardin, à la maison et à l’atelier qu’elle abritait, qui faisait également office de salon. L’artiste en livra un aperçu dans L’Atelier, cadrant un coin de cette pièce aussi grande que chaleureuse, et dans d’autres toiles comme La Salle à manger. L’exposition les réunit dans une salle très réussie évoquant la demeure et montrant des objets personnels du peintre, de sa palette à sa paire de skis et à son kantele, instrument à cordes typiquement finlandais.

Symphonie de blancs
Si les talents de Halonen sont multiples, l’exposition parisienne est un magnifique hommage à ses paysages enneigés, ponctuant l’ensemble du parcours et éblouissant les visiteurs dans l’ultime salle, aux murs bleu nuit constellés de noms finlandais désignant la neige et la glace. Nulle monotonie dans ces œuvres peintes tout au long de sa carrière et auxquelles les trois décennies passées à Halosenniemi ont donné un formidable élan, les environs de la maison et le lac favorisant la contemplation de la blancheur dans tous ses états. Halonen en traduit les mille nuances, variant les points de vue, les cadrages, les moments de la journée, les conditions météo, et même la touche. Bouleaux sous le soleil d’hiver est l’un des paysages lumineux et colorés que l’artiste réalisa dans les années 1910, influencé par le fauvisme et le néo-impressionnisme qui lui firent éclaircir sa palette.

« Pekka Halonen. Un hymne à la Finlande » jusqu’au 22 février 2026 au Petit Palais – musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, avenue Winston Churchill, 75008 Paris. www.petitpalais.paris.fr
À voir également : Halosenniemi, la maison-atelier de Pekka Halonen à Tuusula, transformée en musée. www.halosenniemi.fi










