N° 10 - septembre/octobre 2006
ISSN : 1772-7200
Il existe toujours dans les rapports de l'homme à la nature et des hommes entre eux quelque chose qui relève de la transcendance. C'est le domaine de la religion au sens large, englobant les croyances, les mythes, les spiritualités et les religions dans l'acception exacte du mot qui implique l'intervention divine et une pratique codifiée par des textes. La religion au sens large est l'objet de cette nouvelle revue. Il s'agit non pas de la religion vécue ni de l'insertion de la religion dans le monde contemporain, mais de la religion objet d'observation et de connaissance. Pour chaque domaine religieux nous avons fait appel à un ou plusieurs historiens dont les travaux sont notoires. Ces historiens composent le comité scientifique de la revue. La collaboration qu'ils nous ont apportée dès le début nous a permis de découvrir l'extrême richesse des connaissances actuelles, généralement méconnue parce que peu divulguée. Religions & Histoire, se tenant à l'écart des interprétations ou transpositions qui dénaturent toujours les faits historiques, demandera à des historiens d'exposer les connaissances acquises. Seul le scrupule de l'historien préserve pour le lecteur la liberté d'esprit qui lui permet de s'informer véritablement.
?Tout le peuple gaulois est très religieux?, indique César dans sa Guerre des Gaules. Pourtant, on sait peu de choses sur les croyances des Gaulois, et plus généralement des Celtes. En l'absence de sources écrites directes – ces peuples rejetant l'écriture –, notre connaissance de leur religion repose sur des témoignages sujets à caution, car partiels ou indirects (auteurs grecs et latins, écrits irlandais et gallois d'époque médiévale, vestiges archéologiques). Pourtant, si l'on met bout à bout les bribes d'informations glanées çà et là, il est possible de reconstituer les grands pans d'une religion très élaborée – contrairement à ce que certains textes classiques avaient laissé penser –, dominée par des druides savants qui constituaient l'élite de la société. Si les croyances restent teintées de mystère, l'art des Celtes nous laisse entrevoir les images énigmatiques de multiples dieux protéiformes, acteurs de mythes épiques dont quelques-uns sont parvenus jusqu'à nous. Les fouilles des sanctuaires trahissent les rituels violents et sanguinolents de peuples guerriers qui ne redoutaient pas la mort, mais dont la culture, de prime abord si étrangère à la nôtre, l'a pourtant marquée de son empreinte : nombre des fêtes de notre calendrier sont ainsi un héritage de nos lointains ancêtres.
Ce dossier se concentre essentiellement sur la période précédant la conquête romaine, laquelle engendra une profonde mutation de la culture celtique. La religion indigène va alors être assimilée à celle de Rome, donnant naissance à des croyances syncrétiques qui vont progressivement s'éloigner de leur substrat originel.
Auteur : Larousse Virginie - Kruta Venceslas - Sterckx Claude - Lambert Pierre-Yves
Magazine : Religions & Histoire n° 10 Page : 14-71