Mardi 2 décembre, l’Œuf d’hiver était la pièce maîtresse d’une vente orchestrée par Christie’s à Londres, au cours de laquelle plusieurs œuvres de la maison Fabergé ont été dispersées. Il a été adjugé 22 895 000 livres sterling, soit 26 008 720 euros (frais inclus), à un acheteur inconnu. En 2002, sous le marteau de Christie’s à New York, son adjudication avait déjà dépassé les 9,5 millions de dollars.
Une somptueuse commande impériale
L’œuf a été exécuté en 1913 dans les ateliers de la maison Fabergé à la demande du tsar Nicolas II, désireux de l’offrir pour Pâques à sa mère, l’impératrice douairière Maria Feodorovna. Après la Révolution de 1917, il était entré dans les collections soviétiques, puis a été mis en vente entre 1929 et 1933. Ainsi était-il arrivé en Grande-Bretagne. Il est passé depuis entre les mains de plusieurs collectionneurs. Seuls sept œufs de Fabergé, sur la quarantaine aujourd’hui conservée, demeurent dans des collections particulières.

La délicatesse du givre
Contemplant son jardin recouvert de givre par une froide journée d’hiver, Alma Pihl (1888-1976), l’une des rares femmes à travailler pour la maison Fabergé, eut l’idée du motif Flocon de neige : des cristaux de glace se formant « tels un jardin de fleurs gelées exquises ». Elle en réalisa un modèle à l’aquarelle et le confia à son oncle, le maître orfèvre Albert Holmström (1876-1925), qui se chargea de sa réalisation. L’œuf est unanimement considéré par les spécialistes comme un sommet de l’art de la maison Fabergé, par son originalité et par la finesse de son exécution.

Une prouesse technique incomparable
L’œuf, en cristal de roche, est délicatement gravé à l’intérieur d’un motif givré. L’extérieur est orné de flocons de neige en platine sertis de diamants taille rose. Il est surmonté d’une pierre de lune sur laquelle se lit la date, « 1913 ». Le socle en cristal de roche, en forme de bloc de glace en train de fondre, est orné de filets en platine sertis de diamants taille rose. L’œuf s’ouvre pour révéler la « surprise », spécialité de la maison Fabergé : ici, un panier miniature en platine orné d’un treillis et entièrement serti de diamants taille rose, garni d’anémones de quartz blanc finement sculptées. En ouvrant l’œuf, l’on passe ainsi de la rigueur de l’hiver au renouveau du printemps. Quelle plus belle façon de symboliser, pour la fête de Pâques, la résurrection ?










