N° 197 - Juin 2012
ISSN : 1161-3122
En réunissant près de 140 œuvres italiennes, hollandaises, flamandes et françaises réparties entre le musée Fabre de Montpellier et le musée des Augustins de Toulouse, l’ambitieuse exposition « Corps et ombres » entend retracer un des phénomènes fascinants de l’histoire de l’art européen : l’immense portée de la révolution caravagesque en Italie et bien au-delà, par le biais, notamment, des plus grands peintres d’Europe venus parfaire leur formation à Rome. En confrontant à la fois des chefs-d’œuvre de Caravage, des toiles de la première génération des émules romains et des compositions de plus lointaine ascendance caravagesque, elle permet de mesurer la diffusion des formules, des sujets et des types hérités du maître, et de discerner, à l’arrière-plan de certaines œuvres, un héritage moins évident, plus sincère et plus exigeant peut-être, témoignant d’une vraie compréhension de l’esprit de Caravage.
Les jeunes peintres français arrivant à Rome à partir de 1610 sont tout autant marqués par Caravage que sensibles à la lecture codifiée qu’en donne Bartolomeo Manfredi, décrite dès la fin du siècle sous le nom de Manfrediana methodus. Simon Vouet en tête, la plupart d’entre eux développent une version adoucie des formules caravagesques, empreinte d’une élégance parfois précieuse, avec laquelle contraste toutefois l’esprit d’un Valentin de Boulogne ou d’un Nicolas Tournier.
Auteur : Guillaume Kazerouni
Magazine : Dossier de l'Art n° 197 Page : 60-69
Date : 23/06/2012