N° 315 - Juillet/Août 2006
ISSN : 1141-7137
Auguste a le monde à ses pieds. Le plan de réorganisation qui suit la conquête doit intégrer des paramètres variés : les populations belges appartiennent désormais à l'arrière-pays du limes. Mais, quelques siècles plus tard, l'histoire sera réécrite. Les territoires en question seront les premiers à être convoités par les populations germaniques, à la faveur de traités et d'implantations sauvages, qui voient le jour à partir de la seconde moitié du IVe siècle. Pour être étroit, le sol belge n'en possède pas moins une variété infinie de configurations géophysiques. Le pays est caractérisé par une zone maritime, des plaines et des hauts plateaux. Il est sablonneux, loessique, calcaire et schisteux. Les populations y développent des activités et des modes de vie très différenciés, qui ne les mettent pas spontanément au diapason de Rome. Dans ces conditions, comment devenir Romain ? Combien de temps mettront les Belges à se reconnaître Romains et pour quelles valeurs ? Si la romanisation paraît en définitive inéluctable, elle ne connaîtra pas, dans cette région périphérique à l'Empire, un succès homogène.
La création de colonies, de municipes ou de villes est aléatoire dans le nord de la Gaule, ce qui n'en donne que plus de poids à l'effort de romanisation qui a été reporté sur les agglomérations et les campagnes. En outre, par le hasard de la géographie moderne, beaucoup de territoires de cités antiques abritent leurs capitales en dehors de la frontière belge actuelle. Dans ce contexte, l'intérêt s'est focalisé tout naturellement sur ces deux secteurs de la recherche. On enregistre aussi une immense variété dans les formes prises par l'habitat rural qui peut présenter des connotations régionales totalement différentes. Et c'est dans la perception de ces différences que le lien entre le vicus et la villa doit être réévalué.
Auteur : Brulet (R.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° double 315 Page : 32-35