N° 304 - Juin 2005
ISSN : 1141-7137
Il n'existe pas de termes simples et courts en langue française pour désigner les différentes productions à base de matières vitreuses. ?Faïence? est certes un terme impropre, mais il fait l'objet d'une sorte de consensus, chez les archéologues du moins. Au pluriel indéfini, ?faïences? désigne pour les besoins d'une exposition au musée du Louvre (juin-septembre 2005) et des Dossiers d'Archéologie, l'ensemble des artisanats attestés dans l'antiquité de l'Égypte et du Proche-Orient. Dans les productions antiques, il nomme un matériau constitué d'un mélange de sable, de fondants qu'une cuisson à haute température a partiellement vitrifié et que l'on recouvre d'une glaçure le plus souvent colorée. La faïence au sens archéologique ancien est donc une véritable innovation dans les techniques de la poterie. Elle naît sous l'effet de plusieurs facteurs conjugués : l'influence du milieu, les nécessités de la fonction, les facilités de mise en œuvre et le contexte technologique de l'époque. Cette matière synthétique est créée aux environs du IVe millénaire, d'abord dans des régions riches en sable, aux confins de zones désertiques, en Égypte, en Mésopotamie, plus tard dans la Vallée de l'Indus. Ce numéro des Dossiers d'Archéologie, publié à l'occasion de l'exposition qui se tiendra au musée du Louvre du 10 juin au 12 septembre 2005, a rassemblé les meilleurs spécialistes de la faïence antique, et présente de nombreux articles sur les productions mésopotamiennes, égyptiennes, proches-orientales et égéennes, du IVe millénaire au début de l'expansion musulmane.
Les grandes capitales que furent Assour et Babylone durant plus de deux millénaires n'ont pas manqué de produire, dans le domaine des industries sur matières vitreuses, des chefs d'œuvres incomparables, dans le domaine de l'architecture, de la vaisselle de luxe, de la parure, ou des objets associés au rituel. C'est à partir des XIIe et XIIe siècles surtout que l'état des vestiges archéologiques permettent de bien en juger, à Assour sous l'impulsion de souverains novateurs comme Tukulti-Ninurta, à Babylone avec la dynastie kassite : les créations du style international, répandues depuis le Levant jusqu'à l'Iran y trouvent de nouvelles sources d'inspiration. Puis, avec les grands empires du Ier millénaire, l'état Assyrien et Babylone au temps de la dynastie néo-babylonienne, les réalisations spectaculaires bénéficient du patronage royal, et l'ensemble monumental de Babylone, porte d'Ishtar et façades des palais constituent une des applications les plus accomplies de l'art de la ?faïence?.
Auteur : Beuger (C.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 304 Page : 42-45