N° 294 - Juin 2004
ISSN : 1141-7137
L'idée de ce dossier est née d'une double constatation et d'un double désir. Les livres concernant les olympiades antiques s'intéressent rarement au renouveau de l'olympisme moderne et, inversement, les spécialistes contemporains des J. O. traitent au mieux dans un chapitre introductif rapide (et pas toujours bien informé) de l'Antiquité. Il y avait donc une lacune à combler en parlant à la fois de ce qui se passait en Grèce en 776 av. J.-C., date traditionnelle de la première Olympiade, et en 1896, lors des premiers Jeux de l'ère moderne à Athènes. L'idée originale de ce Dossier d'Archéologie est donc de mettre en parallèle les jeux antiques avec ceux de 1896 qui marquent une ère nouvelle, en mettant bien en exergue les similitudes et les différences entre les deux époques.
En 1891, Coubertin avait pris la direction de l'USFA (L'Union des sociétés françaises de sports athlétiques) qui, un an plus tard, célébrait son cinquième anniversaire. C'est à cette occasion que le baron décida de lancer en public l'idée qu'il avait mûrie depuis longtemps de rétablir les jeux Olympiques, lors d'une séance solennelle qui se tint le 25 novembre 1892 dans l'ancienne Sorbonne. De l'avis même de l'auteur, cette annonce fut un ?message perdu? :
?Naturellement, j'avais tout prévu, hormis ce qui arriva. De l'opposition, des protestations, de l'ironie ? ou même de l'indifférence ? (…) Point du tout. On applaudit, on approuva, on me souhaita un grand succès, mais personne n'avait compris. C'était l'incompréhension totale, absolue qui commençait. Elle devait durer longtemps (…) L'hiver 1892-1893 se passa sans que l'idée eut le moins du monde rebondi dans l'opinion (…) La grande plaisanterie des gens ?cultivés? était de s'enquérir si les femmes seraient admises parmi les spectateurs aux nouveaux Jeux et si, comme à certaines périodes de l'Antiquité, la nudité générale serait imposée pour mieux défendre l'accès de l'enceinte au sexe faible? (Mémoires olympiques, 1931).
Auteur : Étienne (F.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 294 Page : 58-63