N° 285 - Juillet/Aout 2003
ISSN : 1141-7137
Les recherches ont montré que dans l'Antiquité, les conditions du voyage par mer et par terre étaient peu favorables et que le déplacement d'un lieu à un autre relevait souvent de l'exploit. On ne voyageait pas pour son plaisir, mais plutôt pour ses affaires. Le voyageur rentré au pays était un initié qui avait vaincu tous les obstacles pour accomplir son périple. C'est l'une des leçons que l'on tirait du voyage d'Ulysse, de Jason ou de Thésée, ces héros témoins de la civilisation grecque.
Les Phocéens, Grecs d'Asie qui fondèrent Marseille (Massalia) vers 600 av. J.-C., furent les grands découvreurs de l'Ouest : pionniers de l'aventure coloniale, ces navigateurs hardis, sur leurs rapides pentécontères à voile et rames, balisaient les côtes, implantaient des comptoirs rivaux des Puniques et des Étrusques jusqu'à Tartessos, en Ibérie méridionale,. Mais ils n'exploraient que le Bassin méditerranéen. On connaissait un peu l'Afrique au sud ; on avait bien l'idée de pays lointains, au nord, d'où venaient l'étain et l'ambre, mais on ne se hasardait guère dans ces régions où le Soleil avait son lit. Les ?colonnes? d'Héraclès, de part et d'autre de notre détroit de Gibraltar, marquaient les bornes de la terre et de l'espace humainement peuplé. Au-delà s'ouvrait dans l'océan le domaine de l'imaginaire : le poète Pindare y plaçait l'île des Bienheureux, séjour ultime des justes, et à l'inverse la fantaisie de Platon, dans le Critias, y installait un continent fabuleux, l'Atlantide, où aurait prospéré un peuple mythique de descendants de Poseidon, corrompu par son opulence même et l'excès de sa puissance, puni par Zeus de sa démesure et englouti dans les flots.
Auteur : Salviat (F.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 285 Page : 20-27