N° 279 - Décembre/Janvier 2003
ISSN : 1141-7137
C'est sous un titre quelque peu provocateur que ce Dossier d'Archéologie regroupe une série de contributions rédigées par des spécialistes du Nouveau Testament – exégètes, historiens et archéologues. En effet, associer le terme d'évangéliste à celui d'historien peut surprendre car, durant des siècles, les écrits évangéliques furent considérés comme des œuvres théologiques sans fondements historiques. Dès lors, pourquoi un numéro spécial sur saint Luc ? Tout simplement parce qu'il est le seul des quatre évangélistes à avoir voulu faire œuvre d'historien. Mais cette prétention ne suffit pas. Grâce à l'apport de l'histoire, de l'archéologie, de l'épigraphie, de la codicologie, les spécialistes se rendent compte aujourd'hui que l'ambition de saint Luc était bien réelle et justifiée.
En 1882, W. K. Hobart dédiait à l'archevêque de Dublin un ouvrage consacré au langage médical de Luc. Analysant son vocabulaire dans les récits de guérison, il faisait le parallèle avec le langage médical de cette époque, connu par les œuvres d'Hippocrate, d'Aretès ou de Galien. Son travail émaillé de citations donne un aperçu de l'étendue du vocabulaire lucanien jusqu'en milieu médical. Sans en conclure, comme le faisait beaucoup trop vite l'auteur, que Luc était médecin, on peut juger de la capacité de l'évangéliste à observer les situations humaines pour les rendre avec sobriété dans un vocabulaire adapté. Il n'était pas versé dans l'imaginaire, mais, participant de la culture de son temps, il n'a pas eu crainte de rendre compte de l'Indicible face à l'irrationnel.
Auteur : Chabert d'Hyères (S.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 279 Page : 128-133