N° 278 - Novembre 2002
ISSN : 1141-7137
Les catacombes occupent une place privilégiée dans l'imaginaire populaire ; il suffit d'en prononcer le nom pour susciter, face à un interlocuteur non-spécialiste, l'évocation des théories les plus fantaisistes qui peuplent toute une littérature séculaire autour du mystère des ténèbres et de la mort et des réseaux souterrains de galeries inextricables, hors de toute logique historique rationnelle. La théorie la plus célèbre et la plus fantaisiste restant celle qui voit dans les catacombes un refuge caché des chrétiens persécutés, à une époque où non seulement les catacombes étaient, sinon inexistantes, du moins d'étendue limitée, et surtout au vu et au su de tous, et en particulier des autorités romaines, puisqu'elles se trouvaient toutes au sein de nécropoles païennes existant souvent depuis des siècles. Ce nouveau Dossier d'Archéologie, principalement centré sur Rome, contribue à apporter au grand public un état des lieux scientifiquement mis à jour par les spécialistes des catacombes de l'Occident méditerranéen, qui ont livré ces vingt dernières années les contributions les plus novatrices dans les domaines de l'histoire, de la topographie, de l'épigraphie et de l'iconographie.
Le monde funéraire souterrain de l'Antiquité, organisé en réseaux et en systèmes de chambres ou de galeries, de sépultures plus ou moins richement élaborées ou plus ou moins complexes dans leur organisation et leur extension, est une constante systématique et répandue dans le monde occidental. Souvent aucun lien n'existe entre certaines de ces réalités funéraires géographiquement proches, mais éloignées les unes des autres dans le temps, comme c'est le cas des hypogées étrusques par rapport aux catacombes romaines, puisqu'une solution de continuité longue de plusieurs siècles sépare ces deux phénomènes. On doit penser en revanche, on le verra, à des liens géopolitiques entre Orient et Occident à l'origine des catacombes romaines, qui tirent probablement leur inspiration de modèles syro-palestiniens (les hypogées hellénistiques orientaux), sous l'influence des pratiques funéraires des fidèles des religions monothéistes orientales, croyant en un au-delà et à la résurrection des corps, qui arrivent en masse à Rome au moment où ces pratiques y prennent pied ; ce n'est pas une coïncidence.
Auteur : Pergola (Ph.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 278 Page : 3-5