N° 269 - Décembre/Janvier 2002
ISSN : 1141-7137
Fondée en 910, l'abbaye de Cluny connaît très rapidement un développement et un rayonnement considérables grâce au prestige de plusieurs de ses abbés et à la qualité de sa règle issue de celle de saint Benoît. Pendant plusieurs siècles, l'ordre clunisien sera synonyme de gloire et de richesse, et sa puissance se matérialisera par une église majestueuse qui restera, jusqu'à la reconstruction de la basilique Saint-Pierre à Rome, la plus vaste de tout l'Occident chrétien. Les Dossiers d'Archologie ont fait appel à plus d'une vingtaine de spécialistes pour vous raconter par le menu l'épopée des moines nors, religieux et seigneurs d'un des domaines les plus vastes de l'Europe médiévale.
L'histoire de Cluny au XIXe siècle est celle d'une belle oubliée. Le 12 août 1789, l'Assemblée constituante prend en charge l'Église de France. Commence alors pour Cluny un temps de lente agonie qui aboutit à la disparition de l'ordre. La dernière messe est dite le 25 octobre 1793 et l'abbaye est laissée à l'abandon, les biens du monastère étant placés sous la tutelle de la municipalité. Le 21 avril 1798, l'abbatiale est vendue en quatre lots destinés à servir de carrières à matériaux. Malgré des interventions diverses sous le Directoire et le Consulat, rien n'arrête désormais la destruction de Cluny. En 1809, le clocher du chœur s'écroule. L'année suivante, le grand portail d'entrée est détruit à la mine. Au terme de ce lent travail de destruction, du Cluny roman – Cluny III, la maior ecclesia de la Chrétienté latine – seuls subsistent les grands et petits transepts méridionaux. Dès lors, il ne reste plus qu'à trouver une affectation à l'espace de l'ancienne abbatiale et spécialement aux bâtiments des XVIIe-XVIIIe siècles qui subsistent. La municipalité les cède à l'État qui y installe un haras, puis, en 1866, une école normale supérieure, lointaine ancêtre de l'École nationale des arts et métiers qui occupe encore les lieux aujourd'hui.
Auteur : Iogna-Prat (D.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 269 Page : 30-33