N° 260 -
ISSN : 1141-7137
Au regard de l'histoire de l'humanité, l'écriture est une invention récente : en effet, si l'homme parle depuis environ 100 000 ans, il n'écrit que depuis un peu plus de 5 000 ans. En outre, elle n'est pas une invention universelle car, en définitive, elle n'est qu'un système de communication parmi d'autres et certaines civilisations ont pu s'en passer (les Celtes) ou l'adopter tardivement (l'Inde). L'écriture a été inventée plusieurs fois et de manière indépendante : en Basse-Mésopotamie vers 3300 av. J.-C., en Egypte presque en même temps, en Méso-Amérique, chez les Olmèques, entre 2000 et 1500 av. notre ère, en Chine au milieu du IIe millénaire av. J.-C. C'est seulement à partir de la diffusion de l'alphabet phénicien (vers -1000) que les écritures entrent dans un système de filiation ininterrompue.
Le ?cunéiforme? est le système d'écriture le plus important du Proche-Orient ancien. La forme de ses signes, produits par l'empreinte d'un calame de roseau dans l'argile fraîche, est à l'origine de ce nom qui lui fut donné par les premiers savants modernes qui en tentèrent l'étude, d'après le nom latin des clous ou ?coins? auxquels ils ressemblent (cunei). Les déchiffreurs retrouvaient ainsi, sans le savoir, le nom que les Mésopotamiens donnaient eux-mêmes à leurs signes, nom qui évoquait aussi l'amorce du calame dans l'argile. ?Le commencement de l'art du scribe est un coin?, dit un texte scolaire sumérien. Et, au VIIe siècle avant notre ère, le roi d'Assyrie, Assurbanipal, se vantait de pouvoir lire les ?signes avec des coins?, sur les ouvrages érudits qu'il rassembla dans sa grande bibliothèque de Ninive.
Auteur : André-Salvini (B.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie n° 260 Page : 16-19