N° 22 - Avril 2012
ISSN : 1141-7137
La sexualité de la société romaine est un sujet passionnant qui a inspiré de très nombreux auteurs. Pourtant, c’est un thème difficile car il est souvent pétri de certitudes et de clichés. En tout premier lieu, pour l’appréhender, il faut abandonner nos schémas de réflexion contemporains. Puis, il faut apprendre à déchiffrer tous les aspects de l’anthropologie culturelle romaine. Pour cela, nous n’avons négligé aucune piste en rassemblant d’éminents spécialistes pour évoquer les moeurs, les coutumes, la littérature, la mythologie et l’art…
La place de l’érotisme dans les sociétés antiques a longtemps choqué les historiens. Quand, au milieu du XXe siècle, le grand spécialiste belge Franz Cumont présenta à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres une épitaphe incitant à profiter des plaisirs de la vie – nourriture, boisson, amour –, représentations figurées à l’appui, le mot «hédonique, que personne ne comprendra» fut substitué à «érotique», de peur d’«attirer à la séance une multitude de pornographes». Les images licencieuses, fresques, peintures sur vases, etc., sont aujourd’hui bien connues, mais les inscriptions à teneur sexuelle le sont moins; pourtant, sur des supports variés, elles attestent que, pour les populations romaines, y compris celles des provinces des Gaules et des Germanies, l’«Art d’aimer» était non seulement naturel mais subtil.
Auteur : Dondin-Payre (M.)
Magazine : Dossiers d'Archéologie hors-série n° 22 Page : 26-31