Car, finalement, n’est-ce pas ce que ces savants professionnels penchés sur les entrailles du sol, les profondeurs des mers ou les images des microscopes regardent et cherchent ?
Des voix qui se sont tues

L’objet qu’ils ont extrait et qu’ils étudient avec patience et minutie a sans doute une âme. Ils ne l’appellent pas ainsi, mais elle en a des atours. Au-delà du vestige, de la trace matérielle, ce sont les femmes et les hommes d’antan que l’archéologie tente de retrouver, d’expliquer, de comprendre. Ce sont des vies, des voix qui se sont tues. Des âmes. L’objet en est le viatique dont l’interprétation est parsemée de chausse-trappes. Ce fragment d’épée est-elle vraiment un pars pro toto d’une arme par ailleurs recyclée après la mort du guerrier ? Ce vase est-il consacré aux dieux ou servait-il aux repas des vivants ? Pourquoi celui-ci a un décor de bêtes imaginaires ? Et que dire de cette petite statuette gravettienne aux formes généreuses ? Qu’importe, il faut oser, même si c’est compliqué et que les lacunes sont si nombreuses. L’objet incarne, guide, trompe, provoque l’admiration. Mais il faut refuser qu’il soit orphelin. Au-delà de lui seul, le contexte lui donne sens, et l’archéologie le met en récit. Si cette dernière ne peut plus être une science de l’objet, elle ne saurait exister sans lui, qui nous relie à toutes celles et ceux que le temps n’a pas effacé.










