7 tableaux, 28 dessins, 8 eaux-fortes, 6 lithographies, 5 affiches originales, 6 livres illustrés et une sculpture en bronze, couvrant quatre décennies de création d’Henri Matisse (1869-1954) : la donation que vient de recevoir le musée d’Art moderne est exceptionnelle. Ces œuvres étaient demeurées dans la famille depuis le décès de l’artiste.
Hommage à Marguerite
Épouse de Claude Duthuit, Barbara Duthuit était la belle-fille de Marguerite Matisse-Duthuit (1894-1982), la fille du peintre. Proche de son père, dont elle a promu l’œuvre, connue aussi pour ses actes de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, elle était au cœur d’une récente exposition du musée d’Art moderne, « Matisse et Marguerite. Le regard d’un père ». Barbara Duthuit y avait prêté les œuvres qu’elle offre aujourd’hui au musée, y ajoutant un portrait acheté auprès d’un collectionneur. Afin de rendre hommage à sa belle-mère, elle a souhaité les confier à une institution implantée à Paris, « la ville qui l’a vue naître et mourir ».

« Ce geste extraordinairement généreux témoigne d’un engagement fort de la part de Madame Duthuit, et de sa confiance envers le musée qui devient, de fait, la nouvelle maison de Marguerite pour les décennies et les siècles à venir. Ces portraits si beaux et émouvants magnifieront à jamais les collections du MAM. »
Fabrice Hergott, directeur du musée d’Art moderne
Portraits d’une jeune fille
Les œuvres qui rejoignent le musée d’Art moderne illustrent une grande variété de techniques et de périodes. Dès l’enfance, la fillette devint l’un des modèles favoris de Matisse, sa santé fragile l’obligeant à rester à la maison. L’artiste réalisa de nombreux dessins, certains préparant des tableaux, d’autres synthétisant à l’extrême les traits de sa fille : Marguerite cousant, études pour Marguerite lisant en 1906, Marguerite les yeux baissés en 1916, étude pour Mademoiselle Matisse en manteau écossais en 1918… Deux ans plus tard, Marguerite endormie (ci-dessus) et plusieurs feuilles conservent le souvenir du séjour de l’artiste à Étretat, veillant sur sa fille en convalescence.

Images d’une survivante
Les portraits se raréfièrent dans les années 1930, après le mariage de Marguerite avec l’écrivain et critique d’art Georges Duthuit et la naissance de leur fils, Claude, dont la donation compte un portrait au fusain. Matisse dessina de nouveau sa fille à deux reprises en janvier 1945, émouvantes feuilles réalisées après qu’elle ait échappé aux nazis, qui l’avaient arrêtée et torturée. Des lithographies suivront la même année, dont Visage du retour, au titre explicite, derniers portraits de Marguerite de la main de son père. Concernant la période située entre la fin de la guerre et la disparition de l’artiste en 1954, affiches et livres dédicacés par l’artiste à sa fille montrent la persistance de leur lien et de leur proximité.

Matisse dans les collections du MAM
Le musée d’Art moderne possédait jusqu’à maintenant une vingtaine d’œuvres de Matisse. Parmi elles figurent deux versions monumentales de La Danse, projet pour le collectionneur américain Albert Barnes, auquel l’artiste travailla entre 1930 et 1933. L’ensemble compte aussi plusieurs dessins, une sculpture, une céramique et quatre tableaux, dont l’Odalisque au fauteuil de 1928.

Une nouvelle donation
Barbara Duthuit n’en est pas à sa première donation. Elle s’est récemment montrée généreuse avec le musée Matisse de Nice, auquel elle a offert la Nature morte à la statuette africaine, plusieurs objets représentés sur cette toile figurant dans les collections du musée. Elle avait également donné au musée national d’Art moderne, en 2013, Marguerite au chat noir, portrait vif et synthétique peint en 1910.










