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Le grand dossier d’Archéologia n° 648 : qui sont les Jōmon du Japon ?

S’étendant sur plus de dix millénaires, la période jōmon désigne la dernière phase de la Préhistoire japonaise. Faste, cette période est connue en Occident par ses céramiques aux formes souvent exubérantes. Mais le Jōmon est aussi un moment singulier, qui voit la généralisation de la poterie ou la constitution de très grands villages mais sans mise en place d’une agriculture systématique. Dans ce vaste dossier, Archéologia vous propose de découvrir, à la lumière des recherches les plus récentes, cette époque plus qu’étonnante
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restitution édifices jōmon Japon
Restitution d’édifices jōmon sur le site de Sannai Maruyama, dans le Nord du Japon. © Sannai Maruyama Jomon Culture Center

Nous vous proposons de découvrir la première partie de notre grand dossier : 

L’archéologie japonaise : histoire, enjeux, méthode

L’archéologie japonaise est l’une des plus florissantes dans le monde. Quelle est son histoire ? Sur quels questionnements s’est-elle constituée ? Aujourd’hui, l’association archéologique japonaise regroupe 4 000 membres et 9 000 chantiers de fouilles ont lieu chaque année. En l’espace d’un demi-siècle, elle a considérablement modifié la vision traditionnelle de la Préhistoire, des périodes anciennes et médiévales de l’archipel.

L’archéologie japonaise possède une longue histoire, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle ouest-européenne.

Une première fouille en 1692

Avec la stabilisation de la société à l’époque d’Edo, au début du XVIIe siècle, de nombreux lettrés se lancent dans la création de véritables cabinets de curiosités dans lesquels ils collectionnent des artefacts anciens. La première fouille digne de ce nom a lieu en 1692 à Nasu, sur le domaine de Mito, à l’initiative d’un important seigneur, Tokugawa Mitsukuni, qui fut aussi l’un des grands intellectuels de son temps. Il s’agit alors d’exhumer une tombe située à proximité d’une stèle et d’essayer de comprendre qui était inhumé sous le tumulus. Plus tard, au début du XIXe siècle, des ­lettrés tentent d’établir les premières typologies de pointes de flèches, de poteries, etc. C’est ainsi que l’on commence à percevoir une profondeur insoupçonnée du temps.

Des tumulus qui intriguent

Très vite, on s’intéresse aux kofun, ces tumulus antiques, édifiés entre la fin du IIIe siècle et le VIIe siècle, que l’on pense à l’époque être des tombes impériales. On essaye de mettre en relation les mythologies du VIIIe siècle et les tombes encore visibles dans le paysage avant qu’un décret en 1874 interdise de les fouiller (et de les piller).

tumulus japon
Le tumulus de Shimosamurai-zuka à Nasu est le premier kofun à avoir fait l’objet d’une fouille systématique en 1692 sur ordre du seigneur de Mito, Tokugawa Mitsukuni. © DR

La question centrale des origines

Par ailleurs, la question des origines du peuplement devient centrale. Qui étaient donc ces peuples (que nous appelons aujourd’hui Jōmon) qui n’étaient pas des paysans rizicoles ? S’agissait-il d’une race inférieure conquise ou repoussée par les ancêtres des Japonais (qui, eux, assimilés à la civilisation Yayoi, connaissaient le riz) ou des ancêtres des Aïnous actuels, population aborigène du Hokkaidō ? Les débats font rage tout au long du XIXe et au début du XXe siècle, souvent influencés par les controverses entre scientifiques occidentaux.

De l’importance des migrations

Les chercheurs japonais s’intéressent également beaucoup à la mesure des ossements humains d’autrefois, faisant de l’anthropologie physique la science reine en matière de compréhension des sociétés préhistoriques. Les savants reprennent jusqu’à la caricature des méthodes présentées alors comme scientifiques. On est évidemment dans le vieux paradigme qu’une culture = une « race ». Si la culture change, c’est que de nouveaux peuples, plus avancés, ont pris la place des précédents. Les anciens Japonais étaient-ils une « race pure » s’étant substituée complètement aux chasseurs-cueilleurs préhistoriques, parfois présentés comme cannibales, ou bien se sont-ils constitués comme peuple sous l’influence de migrations multiples venues du continent ?

« Les anciens Japonais étaient-ils une “race pure” ou bien se sont-ils constitués comme peuple sous l’influence de migrations multiples ? »

Une archéologie sans influence

Si l’archéologie japonaise émerge très tôt, bien avant l’arrivée des premiers savants occidentaux dans les années 1870-1880, elle ne s’est jamais constituée comme science coloniale sous influence extérieure et les continuités entre le régime d’Edo et le Japon moderne sont clairement visibles. Et si la plupart des grands savants d’avant-guerre effectuent un séjour d’apprentissage à l’étranger, le plus souvent en Allemagne ou en France, ils n’en développent pas moins des pratiques scientifiques, obtenant des résultats par eux-mêmes. Quand le Japon devient à son tour puissance coloniale en Asie vers 1900, ses archéologues travaillent largement en Corée, en Mandchourie et même en Chine ; et nombre d’entre eux rentrent dans la métropole après 1945, cette fois-ci débarrassés des pesanteurs idéologiques qui les contraignaient trop souvent.

Une prise de conscience populaire

découverte archéologique journal Japon
Annonce, en pleine page d’un quotidien japonais en 2009, de la datation vers 240-260 d’un tombeau, près de la ville de Sakura, qui pourrait être celui de la reine Himiko. © DR

Dans l’immédiat après-guerre, et malgré la situation terrible du Japon, l’archéologie connaît alors un véritable âge d’or avec une prise de conscience populaire de la richesse du passé enfoui de l’archipel. Ce mouvement de fond, largement relayé par les médias, aboutit au développement de fouilles d’urgence de grande ampleur sans pour autant qu’elles soient bénéficiaires d’une législation contraignante. À partir des années 1950 – et la chose est toujours vraie aujourd’hui – la moindre découverte archéologique d’importance va jusqu’à faire la une des journaux. Cette passion d’une nation pour mieux comprendre son passé est d’ailleurs tout à fait particulière à ce pays et peut se comprendre dans le cadre du nationalisme culturel.

Passé retrouvé

Depuis les années 1970, débarrassée des obsessions sur la quête des origines et les problématiques désormais jugées désuètes de l’anthropologie physique, l’archéologie japonaise avance à pas de géants. Dans le domaine de l’archéologie médiévale pour ne citer qu’elle, on a pu montrer la place considérable d’un réseau castral très dense avec une structure dédoublée résidence seigneuriale de plaine/château de montagne servant aussi de refuge aux populations locales en cas de guerre, à la mesure de l’importance sociale du groupe seigneurial. Les plus vieux de ces ensembles remontent au XIe siècle dans les contrées périphériques du Nord-Est et se multiplient dans l’archipel au cours du XIIIe siècle. Les fouilles ont aussi mis en évidence une multitude de bourgades portuaires que les sources écrites n’évoquaient guère, en lien avec le cabotage intérieur voire le grand commerce avec le continent, la plupart de ces agglomérations surgissant au cours du XVe siècle. Le cas de la ville de Kusado Sengen (département de Hiroshima), disparue sous la crue de la rivière Ashida au début du XVIIsiècle et au cœur de recherches depuis les années 1960, est particulièrement spectaculaire.

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Site de Kusado Sengen, port prospère au XVe siècle, dont les fouilles ont permis de révéler l’existence. © Hiroshima Prefectural Museum of History

« Depuis les années 1970, débarrassée des obsessions sur la quête des origines et des problématiques de l’anthropologie physique, l’archéologie japonaise avance à pas de géants. »

Une coopération coréenne et chinoise

Cette archéologie dynamique qui s’est développée en dehors de toute ingérence coloniale a permis de récolter des données abondantes et stimulantes. Depuis les années 2000, on assiste également à de nombreuses coopérations avec les archéologues coréens et chinois (fouilles, expositions, échanges de chercheurs et d’étudiants), promesses d’une meilleure compréhension des anciennes sociétés de l’Asie du Nord-Est.

 

Dossier à retrouver en intégralité dans :
Archéologia n° 648 (décembre 2025)
Archéologie japonaise

81 p., 11 €.
À commander sur : www.faton.fr

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